Qui ne connait pas Manu, du haut de ses 1m87 il est facilement repérable de loin.
Déclaré en mairie par ses parents sous le nom de Emmanuel Vallant le 27 mai 1970 il quittera l'école rapidement pour user ses fonds de culotte sur les sièges de machines agricoles. Il est né dedans et il compte bien y rester.
Ses premières motos sont des trails, puis un Softail custom 1340 avec lesquelles il écume la région. Ne tenant pas en place, il lui arrive de faire de nombreux kilomètres de jour comme de nuit pour rendre visite à ce qu'il aime appeler ses copines.
Il fait partie des membres fondateurs du club, et c'est avec lui que nous avons construit le premier bar du local composé de bidons et de palettes glanés ça et là lors de nos excurssions nocturnes.
Voilà le Manu que j'ai connu lorsque nous avons créé le club.
Mais voilà, comme dans toutes les grandes histoires, il y a les moments de purs bonheurs et les tragédies.
Avec Manu nous avons eu notre part de TRAGEDIE.
Le 1 avril 1993 manu était victime d'un terrible accident de la route avec son Softail. Le club était en plein préparatifs de son premier concert et l'annonce de ce drame a été ressenti comme un cataclysme. A cette époque, les téléphones portables n'existaient pas, mais la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre et le soir même le club au complet était au courant. Nous étions tous dans l'attente de nouvelles avec la peur au ventre.
Lorsque l'on vous annonce que l'hélicoptère se déplace pour un transport plus rapide, que l'hopitâl de Vichy n'est pas en mesure de recevoir un accidenté de la sorte, il y a de quoi se tracasser.
Hospitalisé au CHU de Clermont en réanimation, il restera dans le coma une semaine.
Une semaine durant laquelle sa famille, son président et quelques privilégiés lui rendront visite quotidiennement.
Puis le verdict finira par tomber, Manu sera emputé de la jambe droite à hauteur de la cuisse pour le sauver, nous diront les docteurs.
Cette annonce nous anéantira tous durant plusieurs jours. Impuissants, au pied d'un mur dont le sommet est invisible, nous étions totalement désamparés.
Tous ces impératifs qui vous font courir tout au long des semaines ne semblent plus que des broutilles à côté de ce que pouvait vivre notre Manu.
C'est à ce moment là que le mot "Fraternité" a pris toute sa valeur, comme un seul homme, nous avons fait corps derrière notre président qui se rendait au chevet de Manu tous les jours.
Mais malgré le drame the show must go on, et c'est sans Manu que nous devions organiser notre premier concert qui fût un succès. Il n'y eu pas une seule minute, un seul instant de cette soirée ou l'un d'entre nous ne pensa pas à Manu. Lui, de son côté ne nous oubliait pas non plus malgré les douleurs et la détresse.
En un instant, Manu venait de perdre une jambe et 10kg8, comme il aime le dire maintenant.
Mais Manu, le moto club HORD, son président et tous ses membres, ont appris en vivant ce drame plus qu'il n'en apprendront jamais dans tout le reste de leurs vies.
Manu malgré lui venait de faire le lien entre tous, il venait de faire monter une mayonnaise que des milliers de gens s'essaient au quotidien à faire prendre.
Depuis ce premier avril 1993, le mot fraternité et tout ce qu'il engendre, a pris toute sa valeur au sein du moto club HORD.
Durant ses longs mois d'hospitalisation et de convalescence, nous n'e cesserons pas de rendre visite à Manu. Que se soit au Chu de Clermont ou en maison de convalescence. Puis sa première sortie se fera en compagnie du club au grand complet pour une aventure en Angleterre, le KENT.
Notre nouveau Manu était de retour, dans un premier temps avec des béquilles, puis avec une jambe de fer. Cette jambe que l'on voit traîner de temps en temps, soit dans le panier de son side, soit appuyée çà et là avec le pantalon pendant et une chaussure.
Après de nombreux haut et bas, comme vous pouvez vous en douter, manu tentera de refaire de la moto. Son Softail étant reconstruit à neuf, il essaiera de renouer aux joies du deux roues. Mais après quelques essais il décide de mettre un terme à ce moyen de locomotion. Des rencontres avec des amis side carriste, comme Zac des Arvernes, finiront par lui donner envie d'acquérir un side. Il se met alors en quête de l'engin idéal et c'est en collaboration étroite avec Albert de chez Shoda qu'il trouve la bonne oreille et le talent d'un constructeur de side.
Et c'est ainsi que Manu se retrouve à arpenter les routes de la région, puis celles de France et par la suite celles de l'Europe.
En effet, les premiers tours de roue ne furent pas aisés, mais les bons conseils de nos amis les Arvernes et la dextérité de Manu lui ont permis de devenir un maître dans le maniement de cet engin.
Pour ceux, qui n'auraient jamais conduit de side, je vous conseille de faire un essai. ainsi, vous vous rendrez compte de l'exploit.
Comme je vous le disais un peu plus haut, Manu a eu vite fait de maîtriser la bête et comme le challenge n'était pas assez relevé, ces frangins lui concoctèrent une petite surprise.
Un grand voyage était en préparation, le premier grand voyage du club. Aller retour au Cap Nord en trois semaines avec des Harleys plus ou moins vieilles et plus ou moins bien préparées et maintenant, un side avec pour couronner le tout, une remorque.
Et je vous le donne en mille, Manu au guidon de cet impressionnant attelage.
Pour le recit du voyage, je vous conseille de vous rendre dans le chapitre "les grands voyages".
Manu est rentré de ce voyage sans encombres, fatigué comme tout le monde, mais heureux de pouvoir continuer à vivre sa passion de la moto en compagnie de frangins qui le traitent d'égal à égal.
Depuis ce voyage, Manu a aligné un nombre considérable de kilomètres sur le compteur de son side. Et la liste des pays traversés est bien trop longue à énumérer. Tous ces voyages se sont passés dans la plus belle amitié et dans un esprit de camaraderie fabuleux.
Jamais, au non jamais, il ne fût un boulet. Toujours partant, jamais plus fatigué que les autres, c'est un exemple de bravoure, de tenacité et de volonté.
Il m'est arrivé de faire la route avec certaines personnes en toute possession de leurs moyens, et malgré cette chance là, ils se comportaient comme de vraies purges.
Faire la route avec Manu est un grand moment de bonheur et avec lui je serai toujours partant.
Manu ne s'est jamais plaint de ce qui lui arrivait, il ne s'est jamais laissé aller, mais son entourage et notamment ces frangins de club, ne lui ont jamais laissé le choix. Pour nous Manu restera Manu, mais il reste un membre qui doit participer à la vie du club, aussi bien pendant les bons moments que dans les moins bons. Tout le monde l'a compris et Manu encore plus que tout le monde.
Dès lors le rapport est simple, si manu veut quelque chose, il se lève et va le chercher.
Et son handicap est devenu une source de plaisanterie, un atout pour nous les joueurs de guitares, car une béquille peut se transformer en guitare en quelques secondes.
Il n'est pas rare de voir Manu appuyé contre un mur attendant que deux de ses frangins ait fini de délirer avec ses béquilles.
Mais ne vous lamentez pas trop, Manu n'est pas en reste, et si vous entrevoyez une paire de béquilles posées çà et là, c'est qu'il est en train de danser le rock'n'roll au milieu d'une foule en pleine admiration.
Maintenant Manu fait dans les espaces verts et je defie bon nombre d'entre vous de le suivre lors d'une taille de haies.
il fuit un peu les grosses chaleurs, car sa prothèse lui joue des tours. C'est pour cette raison qu'il est souvent accompagné de ses béquilles vertes, ces fameuses béquilles au son si particulier, le fameux click pom, click pom annonciateur de son arrivée.
Malgré tout ça Manu ne se laisse pas aller et il vaut mieux l'avoir en photo qu'en pension. C'est un vrai goulu, et lorsque l'heure du repas approche, il ne faut plus plaisanter. Il n'y a plus ni père, ni mère ni frère, et s'il doit jouer des coudes pour se faire de la place, ce n'est pas un problème.
Il n'a aussi aucun problème pour lever le coude et hormis le Ricard qui lui fait regret, tous les autres breuvages ne le rebutent pas.
Manu partage aussi sa vie avec Valérie à qui il donne souvent du fil à retordre. une idylle qui dure maintenant depuis bien longtemps, il forme à eux deux un vieux couple, et comme dans tous les vieux couples il peut se passer des semaines entières sans aucun son à la maison.
N'est ce pas Manu?
Mais comme tout fini par s'arranger sur l'oreiller tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Eh Manu, on va en Irlande l'année prochaine?
Sans rancune
Fabrice